Ici plus qu’ailleurs la géographie a commandé l’histoire.
A 855 m d’altitude, le village est implanté dans un site tourmenté du Jura plissé.
Il se situe sur une des rares voies de passage transversales en direction de la Suisse. Ce passage, relativement aisé, est dû à une grande faille méridienne. Le plan de la Cluse et Mijoux a été guidé par la topographie : sa disposition linéaire à 3 branches correspond aux grands axes Pontarlier, Vallorbe et les Verrières.
De même que l’histoire du village est indissociable de celle du château, son économie se trouve elle aussi très liée aux données naturelles.
La cluse est une voie empruntée très tôt par le grand commerce : à partir du 13ème siècle, lors du renouveau des échanges européens.
Les péages fleurissent et celui de Joux, au XVe siècle, capte plusieurs trafics : celui du sel de Salins à la Suisse, celui du fer et de la mercerie en provenance d’Allemagne et enfin celui des produits venus du Sud tels que riz, soie, oranges.
L’altitude et le climat influent sur la mise en valeur du terroir. Ainsi au 13éme siècle l’agriculture céréalière est prépondérante, au 19éme siècle, les données changent et l’élevage, plus adapté, progresse (11 fromageries en 1845) : ces orientations se confirment eu 20éme siècle puisque la forêt s’étend et que le cheptel augmente de façon notable.
Ce sont les eaux courantes de Fontaine Ronde et l’exploitation de plusieurs ressources naturelles qui vont permettre le développement des activités artisanales et industrielles anciennes (7 moulins en 1845, exploitation du minerais de fer, papeterie, 6 scieries en 1845 et autant en 1950, tuileries…). Mentionnée dés 1445, la Tuilerie-Briqueterie mécanique de la « Gauffre », rachetée en 1885 par Jules Cominardi,( originaire de Borgonato-Italie) restera la propriété de la famille Cominardi. Etablissement remanié au fil des années, ses activités furent transférées en 1945 à Altkirch (Alsace).
Les différents hameaux de La Cluse étaient au départ, rattachés à l’une ou l’autre des trois églises de Pontarlier, et ils durent patienter jusqu’au 18éme siècle pour pouvoir « bénéficier d’un culte à domicile ».
C’est en 1729 que les hameaux de notre village se réunissent pour former une chapelle vicariale. Elle est dédiée à Saint-Pierre, ce qui devait donner son nom à la commune…
Trois oratoires ce situent sur le territoire de La Cluse :
– La chapelle Saint-Léger : certainement le plus ancien ; sa caractéristique principale réside dans ce curieux toit qui rappelle le toit à l’impériale.
– La chapelle Notre-Dame de Montpetôt : fondée en 1626 ; cette chapelle de l’Assomption demeure, par son mobilier, vouée au culte de la Vierge (17°et 18° siècles)
– La chapelle Mijoux : date de 1705 (autel-retable du XVIII siècle).
Quatre vicaires en chefs vont se succéder à la Cluse depuis 1729 jusqu’à la Révolution.
– La chapelle du château de Joux quant à elle, se situait à droite en entrant ; son clocheton se trouve désormais vers la cellule de Mirabeau.
Après le concordat, entre 1806 et 1819 (création d’une succursale) la pratique religieuse devient moins assidue.
La construction de l’église Saint-Pierre de la Cluse débute en 1698 et s’achève 36 ans plus tard.
Elle se rattache au type des églises du hauts Doubs élevée au 18éme siècle, à savoir, une disposition classique clocher-porche, nef et chœur ainsi que les quatre travées du vaisseau central et des bas cotés de la nef. Mais cette église est remarquable surtout pour l’ensemble de son mobilier et pour sa statuaire avec son bois sculpté, polychromé et doré.
A signaler également les 4 croix de Missions : Val du Fort, Montpetot, La Cluse et Monuments aux Morts témoins des manifestations d’évangélisation locale. Actuellement, la situation ecclésiastique de la cluse est la suivante : la paroisse fait partie de l’Unité pastorale du Pays de Pontarlier, elle même intégrée au doyenné du Haut-Doubs forestier.
« Notre cluse », passage obligé, a toujours constitué un verrou naturel qu’il fallait surveiller et fortifier. Après le rattachement de la Franche-Comté à la France en 1674, la place-frontière de Joux tient un rôle prépondérant dans la défense du « Pré Carré » de Louis XIV.
Aussi le château, construit à l’extrémité d’un promontoire, est dominé par la montagne du Larmont au nord et par la chaîne de la Fauconnière au sud-ouest. Au 17° siècle, renforcement des enceintes qui font face au plateau sud.
Le château Mahler sera construit en 1844 et 1851 sur le Larmont ; les forts du Larmont supérieur et de Saint Antoine dans les années 1880.
La trace la plus ancienne de l’histoire de Joux, et qui, atteste de l’existence du château : 1034 lors de l’assaut, sans succès, donné par les troupes de l’empereur germanique et roi de Bourgogne, Conrad II.
L’origine du nom de Joux : ce nom désignait les forêts de sapins et, par extension, les montagnes jurassiennes qui en étaient pourvues. Jura est la traduction latine du nom de Joux.
– Du 10° siècle à 1326, la maison féodale de Joux : les premiers sires de Joux dont on a connaissance vécurent avant l’an 1000.
Vers 1130, ils dotent richement la communauté de religieux implantée à Montbenoit, la transformant ainsi en une des plus belles abbayes du Haut-Doubs.
Vers 1170, Amauri III de Joux fut, avec d’autres seigneurs francs-comtois, le compagnon d’Etienne I, chef de la branche cadette de Bourgogne, en Terre Sainte.
Aux alentours de 1200, Henri I, fils d’Amauri III, démembra sa seigneurie entre ses deux fils. Ainsi, Joux revint à Amauri IV et le cadet, Hugues devint sire d’Usier. Amauri IV fit de même avec ses enfants et offrit ce qui restait de Joux à l’ainé tandis que le cadet recevait les seigneuries de Liévremeont, Vuillecin et Hautaud : ce dernier disposa de ses biens au profit de sa sœur et la maison de Joux s’éteignit en 1326.
– De 1326 à 1366, la seigneurie de Joux devint maison féodale de Blonay.. puisque l’héritière de Joux épouse Jean de Blonay dont elle a un fils, Hugues, lui même père de Jeanne. Cette dernière se marie avec Vauthier de Vienne. Elle n’aura pas d’héritier et vendra la seigneurie en 1410 à Guillaume de Vienne.
Le fils de celui ci, ruiné vendra à son tour tous ses biens et c’est Philippe le Bon, duc et Comte de Bourgogne qui va acquérir la seigneurie de Joux en 1454, et cette date marquera la fin des sires de Joux à proprement parlé.
– 1480 : Joux passe du domaine comtale à la maison de Hocheberg…
– Jusqu’en 1570 : date à laquelle le château et la seigneurie ne cessent plus de relever du domaine comtal et donc de la couronne d’Espagne. (Guerre de Dix Ans en 1639)
– A partir de 1678 jusqu’à la Révolution : intégration de Joux au royaume de France : le château devint un lieu de garnison pour les unités prestigieuses de l’Ancien Régime. Il abritait environ 500 personnes à la fin du règne de Louis XIV.
Ces compagnies avaient un rôle de surveillance des frontières et fournissaient également des gardiens aux prisonniers illustres tel que Mirabeau. Joux était devenu une prison d’état au même titre que la Bastille ou le château d’If.
– De 1789 à nos jours :
Le château fait toujours office de prison pour les victimes de la Révolution, puis pour les opposants politiques de Bonaparte ; 1802-1803 : Toussaint Louverture.
En 1814, prise du château par les Autrichiens, Waterloo, ensuite 24000 suisses investissent le château. Puis, Talleyrand, habile, permit à Joux de rester en France. Après 50 ans d’inactivité, en 1871, Joux protège la retraite en Suisse de l’Armé de l’Est.
– Combat de La Cluse : Fin 1870 : Après la capitulation de Sedan de l’armé française, l’armé de l’Est, exclue de l’armistice, poursuit les combats vers Belfort. Echec à Héricourt et le général en chef d’origine turque Bourbaki (Pau 1816-Biarritz 1897) se replie sur Besançon.
– Monuments aux morts de 1870 : Les débris de l’armée de l’Est se replient sur la frontière, dans la neige et le froid. Poursuivis par les Prussiens, les troupes françaises contiennent héroïquement les attaques ennemies, entre le Tournant de la Cluse et l’actuelle Chauffaud. Pendant que Clinchant négocie le passage en Suisse des rescapés de l’armée de l’Est, les canons des Forts de Joux et du Larmont bloquent l’offensive prussienne. Un an plus tard, le monument commémoratif est inauguré, le 1 février 1872.
– En 1940 : le fort joue à nouveau un rôle militaire en opposant une résistance de 8 jours face à l’armée allemande.
– En 1954 : première convention avec l’Autorité militaire grâce à Maurice Cordier : la visite du monument historique était autorisé sous la conduite de guides. Après 20 ans de travaux, Pontarlier et La Cluse rachètent la forteresse en constituant un syndicat intercommunal pour assurer entretien et restauration de ce site. Par le biais du Festival des Nuits de Joux, le château est détourné de sa vocation militaire et carcérale pour acquérir une dimension nouvelle : l’expression de l’art sous toutes ses formes.
– Depuis 2000, c’est la communauté de Commune du Grand Pontarlier par le biais de sa commission Tourisme, qui a en charge la destinée de ce château.